Florent Maréchal, Responsable des Programmes Santé et Solidarité à Solidarité-Sida « ‘’Solidays est un festival unique en son genre’’

by Kolazine / il y a 94 mois / 0 Commentaires
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La 18ème édition du festival Solidays a eu lieu du 24 au 26 juin 2016 à Paris sur l’Hippodrome de Longchamp. A deux jours de la clôture de ce festival, L’équipe de kolazine.com en n’a profité pour réaliser une interview exclusive avec Florent Marechal, le responsable des programmes santé et solidarité de Solidarité-Sida, l’organisatrice de ce grand festival. Dans cet entretien, à bâtons rompus, M Marechal nous a parlé, essentiellement, de l’association Solidarité-Sida et du festival Solidays. Lisez !
Parlez-nous de ce festival
Solidarité Sida est une association qui a été créée en 1992 par deux étudiants notamment, Luc Barruet et Eric Elzière. La mission de solidarité-sida, depuis sa création, est de mobiliser la jeunesse, notamment, les bénévoles tout en passant un certain nombre de messages pour sensibiliser le grand public, en particulier, les jeunes autour d’un certain nombre de valeurs de solidarité, d’ouverture, de fraternité, afin d’éveiller leur conscience dans le domaine de la lutte contre le VIH /SIDA.
C’est pourquoi, à la fin des années 92, il y’a eu une volonté d’organiser des grands événements d’où la naissance du festival Solidays.
Le festival Solidays a plusieurs objectifs: le premier, c’est qu’au-delà de son caractère festif, culturel et artistique, est une occasion de sensibiliser la jeunesse pour la lutte contre le Sida. Mais, globalement, sur la notion de la santé sexuelle, l’importance de se protéger, sur les valeurs de solidarité internationale et d’essayer de changer le regard sur l’autre, d’être considéré comme différence sur ses origines, de par son orientation sexuelle, de sa façon de vivre et porter un certain nombre de messages à destination des personnes plus jeunes qui sont autour de vous. En gros, c’est d’informer et sensibiliser sur ces valeurs-là.
Le 2ème objectif, c’est qu’au-delà d’informer et sensibiliser, nous livrons des messages de prévention sur les VIH/SIDA et plus globalement sur les IST, sur tout ce qu’on appelle les rapports du genre, sur le consentement en matière du rapport sexuel et mener des actions de prévention auprès des festivaliers.
Et la 3ème vocation de ce festival, c’est un outil de récolte de fonds. Puisque grâce aux festivaliers, grâce à l’achat des billets, nous pouvons financer des partenaires associatifs.
Quel est l’impact de ce festival sur le public ?
Il est difficile de l’analyser, parce qu’il faudra mener des enquêtes au bout de quelques mois ou en une année sur ces personnes sensibilisées, pour savoir si ce festival a changé quelque chose dans leur comportement. Puisque Solidays est le 2ème plus gros festival en termes de fréquentation du public et 1er en termes de culture et de couverture médiatique.
Mais par contre, c’est quelque chose qui s’observe par le succès du festival lorsqu’on se balade sur le site. Nous avons le village solidarité, nous avons une exposition qu’on appelle sexe in the city, qui est une exposition made in the Solidarité-Sida. Une exposition qui parle de la notion du plaisir. Nous on n’aborde la question du VIH/SIDA avec cette notion du plaisir, car il ne faut pas oublier que c’est important d’avoir une dimension positive de la pratique sexuelle quelle qu’elle soit. Chacun est libre de ces pratiques dans la mesure où il respecte les droits de la personne, avec laquelle il a des pratiques sexuelles et des informations concernant les risques pour sa santé et pour celle des autres.
Ces expositions (sexe in the city) rencontrent un énorme succès. Chaque année, il y’a énormément de personnes qui y fréquentent, notamment, des associations de lutte contre le sida, des associations en matière de développement durable, des associations sur l’environnement etc…
On n’a aussi un espace qu’on appelle le forum caché, c’est un endroit où on fait des conférences, de prises de paroles d’un certain nombre d’interlocuteurs et d’intervenants qui sont reconnus dans leur domaine et pour leur expérience. Ces conférences rencontrent un franc succès et à chaque fois.
Comment vous procédez à la sélection des associations devant bénéficier des fonds récoltés?
En 2016, nous soutenons 104 projets repartis en 80 associations en France et dans 18 pays dans le monde. Nous sommes présents en Afrique du Nord, en Afrique Sub-saharienne (Afrique de l’ouest et l’Afrique Centrale), en Europe Orientale (Géorgie, Ukraine et Russie) et en Asie (Inde et Cambodge).
Donc pour procéder à la sélection, nous passons par des appels à projets qui, cette année pour l’année prochaine (2017) viennent de se boucler.
Nous avons deux (2) appels à projets notamment, un en France et un à l’international. C’est bien aux associations de candidater et de déposer leur projet. Ce projet va être instruit par l’équipe de solidarité-sida (l’équipe de programme) qui connait à la fois les notions de prévention notamment auprès des jeunes, de prise en charge globale, de prise en charge médicale, psycho-sociale, d’accompagnement des personnes affectées ou infectées par le VIH, mais également le contexte pays. Parce que chaque pays à son contexte, bien évidemment, la situation épidémiologique entre le Maroc, la Guinée et l’Inde n’est pas la même. Donc il y’a une première instruction qui va être à l’interne et puis une 2ème par un comité d’experts qui va instruire et statué sur les démarches de subvention et donc si celles-ci vont être accordées ou pas pour l’année qui suit.
Est-ce qu’on peut connaitre la part versée à chaque association ?
Nous avons des règles qui sont accessibles sur notre site internet, c’est-à-dire tout nouveau projet pour des partenaires associatifs, est plafonné à 12.000 Euros. Après nous déplafonnons ces montants. C’est donc à l’Association de faire elle-même sa demande au montant qu’elle souhaite et qu’elle juge pertinent au regard de l’activité qu’elle présente et du projet qu’elle soumet aux partenaires.
Il faut savoir que Solidarité-Sida travaille avec des Associations depuis longtemps, puisque nous encourageons des partenariats à long terme et qui est très important pour les associations de pouvoir gagner des financements pour un temps assez long. C’est chaque année, mais nous avons, comme le cas d’une association guinéenne avec laquelle nous travaillons depuis plusieurs années, une disparité du montant. Tout dépend du projet, certaines associations déposent des « petits projets » et puis nous avons des projets beaucoup plus importants. Ceux-ci nécessitent plus de ressources humaines, plus de financement et donc nous accordons des subventions beaucoup plus importantes à ces projets.
Quel est le nom de cette association guinéenne?
Il s’agit de Fraternité Médicale Guinée (FMG), qui est une ONG qui fait un travail remarquable sur le terrain. On n’est partenaire depuis 2008, mais cette association s’est créée au départ dans les années 80. C’était des jeunes étudiants en médecine qui se sont rassemblés et qui ont décidé de créer un collectif et puis, plus loin en 1994, ils ont créé une association d’assistance médico-sociale à des personnes vulnérables. C’est une association qui mène beaucoup d’activités, elle a une force de frappe extrêmement importante et touche beaucoup de monde. Dans leurs activités au global, c’est près de 60 mille personnes qui sont touchées directement ou indirectement par cette ONG qui est présente dans plusieurs villes de la Guinée.
Solidarité-sida finance, bien évidemment, des activités en lien avec le VIH/SIDA à l’occurrence des projets de prévention, de dépistage, de prise en charge globale des personnes vivant avec le VIH/SIDA, des personnes vulnérables, les professionnels du sexe, les migrants, les routiers etc…
A quand la répartition de ces fonds alloués aux associations ?
Là, on vient de finir un appel à projet, les associations ont candidaté et elles vont le faire au mois de septembre aussi. Ensuite, va commencer la période d’instruction. Généralement, le comité d’experts international se réunit à la fin du mois de novembre, puisque les financements sont octroyés du 1er janvier 2017 au 31 décembre 2017. Donc, c’est en fin d’année 2016 que l’on statue pour le financement.
Quelle est la particularité de Solidays ?
Solidays est un festival qui est, totalement, unique en son genre, un festival qui est totalement atypique au contraire de tous les autres festivals du monde. Il ne s’agit pas seulement d’un festival de musique, mais c’est un festival qui est dédié à la lutte contre le Sida. Donc un festival d’intérêt public.
Quelle est la particularité de Solidays 2016 par rapport aux précédentes éditions ?
La particularité de cette année, c’est que nous avons décidé de développer le festival en l’agrandissant de près de 5 hectares. De nouveaux espaces et de nouveaux dispositifs ont été développés sur de nouvelles scènes. Quatre nouvelles scènes ont fait leur entrée sur l’Hippodrome Longchamp (où le festival a eu lieu).
Des associations présentes au village de solidarité ont pu apercevoir du nouveau visage du village et on n’a revu, complètement, ce fameux village. Nous avons fait rentrer de nouvelles expositions réalisées par deux (2) photojournalistes à l’occurrence Resard et Anaer .
Deux expositions sur l’hippodrome, c’est quelque chose qui est vraiment inédit, car, on ne voit pas d’expositions à part les musées comme on peut les percevoir dans ce festival. Cette édition a été, vraiment, un moment de convivialité, on n’a eu une fête au sein du camping, une programmation artistique, des jeux, des animations, des bars restaurants installés. Bref, Cette édition a été un véritable challenge.
Est-ce que vous pouvez nous perler des scènes ?
Nous avons deux grandes scènes notamment, la scène de Paris et la scène bagatelle. A celles-ci, s’ajoutent deux autres scènes domino qui ont été entièrement repenchées en termes d’infrastructure pour accueillir plus de public. Ce sont des scènes qui accueillent les nuits électro. Par ailleurs, on n’a ici décidé d’élargir l’offre de musique et l’offre artistique en accueillant une scène notamment, village solidarité qui est une scène dédiée à la world musique.
Avec plusieurs types de groupes. Sur cette scène, il y’avait eu des débats et prises de paroles sur tout un tas de thématiques comme la lutte contre le VIH/SIDA, l’homosexualité dans les pays du sud, notamment, en Afrique.
L’Aréna club a aussi fait son entrée, qui est une création réalisée avec près de trois milles palettes en bois et qui est un espace dédié à la Syland-disco.
Au-delà de cette innovation musicale, esthétiquement, c’était un espace qui était créé, spécialement, pour ce festival assez chouette, si je peux me permettre de le dire ainsi. Parce que, personnellement, je le trouvais très joli. Egalement, une autre scène qui s’appelle le kiosque, qui est entourée de kiosques et des jardins qu’on peut trouver à Paris. Là, ce sont des artistes de rue qui ont pu jouer sur cette scène dans le cadre du festival. Des artistes qui sont repérés dans les rues de Paris puisqu’il y’en n’a pleins ici.
Nous avons fait aussi venir pour la énième fois les artistes du Metro parisien. Puisque en lien avec la régie autonome des transports parisiens qui gère le Metro, il y’a un casting qui est fait de différents groupes qui peuvent se produire dans les métros. Un casting qui a été réalisé, notamment, par la directrice de programmation de solidarité-sida. C’est suite à ce casting que deux groupes ont pu se produire sur une grosse scène de César Circus, qui est une grosse scène du festival. Ils ont joué devant un public assez enthousiasmé par la musique et surtout un grand public pas comme ils ont l’habitude de le faire dans les couloirs du métro.
Cette année, on n’a eu la chance d’accueillir le retour de Louis Attaque, Oxmo Puccino qui est un proche de solidarité-sida et qui s’engage beaucoup pour cette association, Ibrahima Allou, Tiken Jah Fakoly qui n’était pas venu depuis un certain temps, mais qui connait, très bien, le festival puisqu’il est venu plusieurs fois et il a joué sur la scène Bagatelle, Faada Freddy, Angelique Kidjo etc…
Envoyé spécial M Samba Bah depuis Paris.







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