La chanteuse Natu Camara rend un vibrant hommage à Marco Ibrahima Sory BAH

Suite à sa disparution qui a plongé toute la famille culturelle et sportive de Guinée dans la tristesse, la chanteuse Natu Camara, leader du groupe Idéal Black Girls rend un vibrant hommage à feu Marco Ibrahima Sory Bah, figure emblématique de la presse culturelle guinéenne. Lisez in extenso! Je rends grâce au Tout-Puissant de m’avoir donné le courage d’écrire enfin quelques mots sur mon cher ami, Grand Marco. Ibrahima Sorry Marco Bah était un homme d’une gentillesse exceptionnelle, d’une sagesse profonde et d’un soutien indéfectible. Il a marqué la vie de tant de personnes, dont la mienne, d’une manière que les mots peinent à exprimer. Il fut l’un des premiers à challenger le groupe Idéal Black Girls et le premier à reconnaître et célébrer notre talent dans Podium Magazine. Toujours à l’affût des évolutions du monde, il avait un œil attentif sur ceux qu’il soutenait. Dès l’essor des réseaux sociaux, il s’est empressé de me rechercher sur Facebook, ce qui nous a permis de nous reconnecter après plusieurs années d’absence en Guinée. Grand Marco croyait aux talents, en leur potentiel. Il n’a jamais cessé d’encourager ceux qu’il appréciait, leur rappelant combien ils étaient spéciaux. Un jour, il me dit : “La star, tu peux m’appeler Marco sans le ‘Grand’.” Et je lui ai répondu : “Je ne sais pas comment changer cela, car je t’ai toujours appelé ‘Grand’ depuis mon jeune âge.” Depuis mon retour en 2011, nous avons toujours trouvé le moyen de nous retrouver, au moins une fois avant chaque départ. Il faisait partie de l’un de mes “Boys Club”, un cercle où les discussions allaient de tout à rien, mais surtout tournaient autour de la culture et de l’avenir de notre pays. Oh, que tu me manqueras ! À tout moment que je serai en Guinée, lorsque j’aurai besoin de discuter de ces projets dont on parlait, lorsque ton nom apparaîtra sur les réseaux, lorsque je retrouverai nos amis communs… Oh, ce club fermé me manquera ! En 2022, lors d’un passage rapide en Guinée, je n’ai pas pu te voir. Tu m’as envoyé un message : “La Star ana di?, alors tu as oublié que tu as un frère ici ? Je suis au courant de tous tes mouvements.” J’ai répondu : “Désolée, la prochaine fois, je ne raterai pas notre rattrapage.” Nous ne parlions pas souvent, mais quand nous parlions, c’était pendant des heures. Nous ne nous voyions pas tout le temps, mais à chaque rencontre, c’était comme si nous ne nous étions jamais quittés. Dès que le silence durait trop longtemps, il envoyait un message : “La Star, je vois tout ce que tu fais, je suis très fier de toi. Continue ton chemin.” En décembre dernier, alors que j’étais à Conakry pour présenter mon single, la personne désignée pour modérer la conférence de presse s’était désistée. À la dernière minute, j’ai appelé Grand Marco. Malgré un mariage et d’autres engagements, il a immédiatement réorganisé son emploi du temps pour être présent. Quand j’ai tenté de l’en dissuader, il a simplement répondu : “La Star, arrête. Tant que je suis en vie, je répondrai à ton appel.” Sans préparation, il a assuré la modération avec brio, s’appuyant uniquement sur sa connaissance de mon parcours. Il a su instaurer une atmosphère propice aux échanges, inspirant des personnalités comme Tonton Jano (Jeano Williams), Djan Diallo, Mme Camara Kadiatou Condé et tant d’autres important invités à partager leurs réflexions. Ce fut un succès total. Aujourd’hui, Cinko Mina figure parmi les morceaux les plus diffusés sur BBC UK Radio et plus de 160 radios internationales, mais l’avoir présenté en Guinée reste un moment sacré. Le lendemain, je l’ai appelé pour faire le bilan et échanger quelques mots. Deux jours plus tard, il a tenté de me réunir avec nos amis et mes fans : “La Star, tu es où ? Je suis là avec nos potes, et des fans rejoins-nous.” Je n’ai pas pu y aller… Si j’avais su que c’était notre dernière occasion de rire ensemble, j’aurais tout fait pour être présente. Sache que je porterai toujours en moi le respect et l’amour que tu m’as offerts. Notre dernier appel a duré deux heures. Nous parlions de projets, de la culture guinéenne, de nos traditions, de politique, du potentiel de la nouvelle génération, de nos rêve pour la Guinée … Ibrahima Sorry Marco était un ami fidèle et humble, direct, sans hypocrisie, un intellectuel brillant et un homme d’une grande discrétion. Homme respectueux et silencieux, il connaissait ses limites et ne les dépassait jamais. Il a consacré sa vie à la culture, au sport, à ses amis et à sa famille. Mon cher frère Ibrahima Sorry Marco, Nos rires, nos discussions, ton esprit ouvert et généreux resteront à jamais gravés dans mon cœur. Même si tu n’es plus là, ta lumière continue de briller à travers tous ceux que tu as touchés, ceux dont tu as mentoré, inspiré et partagé la connaissance avec. Son soutien inconditionnel et son amour pour son pays et ses proches continueront d’inspirer ceux qui ont eu la chance de le connaître. En ce mois béni de Ramadan, je prie pour que le Tout-Puissant et nos ancêtres l’accueillent dans un monde lumineux. Que Dieu apaise le cœur de sa famille, de ses enfants qu’il aimait tant, et de tous ceux qui souffrent de son absence. Repose en paix, la Plume ! Repose en paix, la Légende ! Adieux Légende ! Espérant te retrouver dans l’autre monde… Ta sœur et pote, Natu Camara