« Le cœur ou le sang ? » C’est le titre du nouveau livre de l’auteur guinéen Ibrofof paru début avril 2023 chez Edilivre en France. Une œuvre conçue comme une comédie dramatique familiale qui vient conforter cet écrivain dans la catégorie très sélective de dramaturge contemporain, celles et ceux dont les textes sont portés sur les scènes et dont on peut encore voir des représentations au théâtre.
Dans « Le cœur ou le sang ? Ibrofof nous convie à la découverte de l’histoire de Garanké, fils et petit-fils de cordonnier, l’un de ces jeunes africains chanceux qui n’ont pas dû risquer leur vie dans l’océan pour regagner l’Europe. Celui-ci est non seulement brillant mais surtout il ambitionne de moderniser la cordonnerie à lui légué par ses ascendants comme héritage familial et, plus tard, lancer sa propre marque de chaussures. Pour ce faire, il a choisi de faire des études de cordonnerie en France, plutôt que de faire des études non adaptées aux besoins de développement de son pays.
De retour dans son pays natal, dans son village bien aimé, au milieu des siens, il créerait ainsi de nombreux emplois et contribuerait à l’économie locale et, surtout, subviendrait mieux aux besoins de la grande famille laissée par son défunt père.
En attendant la venue de clients qui se font de plus en plus rares pour espérer pouvoir empocher de quoi payer la popote du jour, il doit passer ses journées à l’atelier de son père à relire ses projets, revoir ses plans, papoter avec des copains d’enfance désœuvrés qui passent par là. La plupart d’entre eux, mêmes hautement diplômés, en sont encore à tendre la main, demander la charité, quémander de quoi s’offrir une tasse de café pour tenir toute la journée. Les plus malins cogitent sur comment organiser des mouvements de soutien aux actions (ou inactions) de Madame la première dame de la République et vite se remplir les poches du butin.
C’est aussi et surtout une histoire d’amour décomplexée où la femme est mise en valeur à travers son courage pour déclarer son amour, dans une société dominée par le mal et où des jeunes se trouvent confrontés au poids des traditions que les parents défendent ou font croire de défendre ardemment.
L’honneur familial, le mariage forcé et précoce sont autant de sujets qui provoquent ou ravivent des tensions entre parents et enfants dans cette société polygamique et patriarcale où les jeunes doivent admettre « qu’il est mieux de connaître sa place dans la société que de perdre son temps à apprendre des choses à l’école qui sont sans utilité puisque l’emploi n’est pas garanti à la fin ». « Tu es une descendante des fondateurs de notre royaume et lui, il est un homme de caste qui est fait pour te servir et non pas pour fonder une famille avec toi. Depuis quand un œuf danse avec les pierres » ?
Dans « Le cœur ou le sang ? », Ibrofof se sert de l’histoire entre Garanké et Sidifanta comme prétexte pour livrer des messages dans plusieurs domaines de la vie. Ainsi des digressions sont subtilement disséminées dans le texte. En guise d’exemple : « La démocratie est trop lourde pour être durablement bâtie sur la double pauvreté de l’esprit et du ventre. Les deux principaux piliers du développement sont la culture et l’agriculture. Celui qui n’a rien dans la tête ne sait pas où aller, et celui qui n’a rien dans le ventre ne peut se tenir pour la marche d’endurance du développement. » ou encore, « celui qui n’a pas été possédé par le diable est indigne de critiquer ses victimes. » ou enfin « Il y a aujourd’hui à travers le monde des peuples qui n’ont pas de pays et qui donneraient jusqu’à leurs dernières gouttes de sang pour avoir moins que ce que nous avons. Ces derniers nous regardent avec stupéfaction et beaucoup de peines. »
Page Edilivre Ibrofof : https://www.edilivre.com/ibrofo
[COMMUNIQUÉ DE PRESSE]