Guinée/ Dodo de Koundouwaka, un chant, une identité musicale, un mouvement
Dans cette affaire Dodo là, je vous prie, de me laisser, cette fois-ci, m’exprimer avec le ‘’je’’. Permettez juste que j’alterne ‘Je ‘’ et ‘’Il’’
Y’a –t-il quelqu’un qui conteste la petite phrase qui dit que la sauce succulente se fait sentir dans la marmite au feu avant la consommation ? Certainement non.
Dodo, en plus d’être un chant, déjà, entendu dans le jargon musical populaire est, à mon avis, une identité musicale pour les impétrants et surtout un mouvement par la magie attractive qu’il exerce sur les mélomanes à sa diffusion. Ecoutez Dodo toun, vous me donnerez raison. La fièvre s’est rependue partout.
Dodo, un chant populaire remis au goût du jour
Tous ceux qui ont passé leur enfance en basse Guinée avant les années 90 connaissent le chant Dodo, différemment, chanté selon les zones par les garnements en pays Soussou.
Le mot Dodo désigne le sexe ou l’acte sexuel, mais c’était surtout la simulation de l’acte au cours des veillées des enfants qui n’avaient ni télé, ni internet, encore moins, des maquis à alcools frelatés. Des enfants qui se limitaient à la simple simulation généralement.
Dodo, un mot donc familier dans un passé récent remis au gout du jour avec de nouvelles inspirations du chanteur Koundouwaka. Un chanteur qui a fait l’effort de plus maitriser son timbre vocal, au fil des albums. Handicapé d’un pied, le très volubile chanteur issu d’une longue lignée d’imams de Kindia à Coronthie, le quartier le plus peuplé de Kaloum, est un maestro dans l’interprétation du Saint Coran qu’il connait parfaitement.
S’inspirant de ce livre Saint des musulmans, Koundouwaka, souvent heurté par les mœurs travesties par la situation financière des familles dit les choses crûment. Mais, à la compréhension des destinataires de ses messages.
Aucun chanteur de sa génération, mieux que lui, ne sait traduire le quotidien de ses bas quartiers dont lui-même est issu. Sa description des cours communes, de la prostitution, l’éducation d’enfants bâclée… sont des sujets du ressort de la chronique.
Dans Dodo, le chroniqueur de la chanson nous transporte dans l’extravagance et la vénalité de certaines filles d’aujourd’hui.
Comme un journaliste, le chanteur propose dans dodo un texte clair, précis et très concis. C’est ça qu’on appelle dodo de Koundouwaka. Pour moi, l’album ‘’La haine de l’autre’’ pouvait s’appeler ‘’Dodo’’ tellement ce mot-chant est expressif. Mais, je ne suis qu’un modeste journaliste qui essaie d’expliquer ce qu’il comprend. Koundouwaka, je crois, est seul proprio de son œuvre musicale… C’est ça, aussi, qu’on appelle Dodo.
Une identité musicale simple à développer
Qui de vous à écouter l’accompagnement musical de Dodo ? Moi je l’ai écouté plusieurs fois. Je retrouve du Manè cassé, en variation avec le Yankadi très entrainant de la Basse Guinée. Un rythme qui donne la part belle aux percussions, le Djembéfolas est vraiment à l’aise. Ça je l’ai noté. Je ne suis pas un musicologue mais un vrai passionné et je crois que mes oreilles me trompent, rarement, sur cette musique.
En réalité, depuis que Koundouwaka a lancé sa carrière musicale, il n’est jamais sorti de ce qu’il sait mieux interpréter. A savoir le Manè et le Yankadi, même si sur certains titres comme ‘’Ma maman n’a pas raison’’ il y’a des accents étrangers mais la base musicale, est, entièrement, Guinéenne. Il casse tout sur son passage avec un seul titre promo, Dodo…
Koundouwaka qui a passé 4 ans à réaliser son nouvel album a pris tout son temps pour se trouver un chemin un peu mieux balisé dans ce genre musical qu’il a, pourtant, pris dans l’immense héritage de la musique du terroir.
Un accompagnement simple, maitrisé qui invite tant à l’écoute qu’à la danse. Voilà ce que propose le chanteur au pied magique de l’Afrique.
Il s’impose, désormais, comme étant le leader national de la musique Guinéenne du moment et j’en suis certain, que c’est l’album de la consécration internationale pour le Super Yéyé de Kindia.
La continuité musicale et la maturité dans le chant sont une sorte d’école pour tous les autres qui n’ont aucune identité musicale sur le plan local.
Ils sont nombreux à se surnommer Ronaldo, Pélé, Messi, ou Sevchenko, je ne sais quoi d’autres, tous se reconnaitront. Leur identité musicale ? Afrobeat, Coupé Décalé, Mbalax… Pire, au lieu de fusionner pour proposer des musiques inspirées de notre riche terroir, ils brillent par leur plagiat. Du copier-coller des autres Africains. La honte !
Ça produit des albums kleenex pour juste avoir une voiture et le prix d’une bière pour la go du quartier. Une musique facile pour un succès du concert dédicace. Tout se limite là.
Certains sont talentueux au chant, mais, ils préfèrent des accompagnements plagiés. Un complexe qu’ils ont développé tout le long de leur carrière.
A cette allure, on se demande, à part deux ou trois artistes-chanteurs, qu’est-ce que tous ces autres peuvent apporter à la musique Guinéenne ? Assurément rien. Et, toute la chaine de la musique est responsable de cette dérive qu’on doit corriger impérativement. Producteurs, managers, Journalistes, animateurs, Dj, distributeurs, opérateurs culturels, autorités culturelles, tous sommes responsables de ce laisser-faire qui n’honore pas notre musique…
C’est pourquoi, je crois dur comme fer que l’accompagnement musical de Dodo de Koundouwaka peut servir d’identité musicale pour tous ‘’les égarés musicaux’’ qui se cherchent une identité. Le Yolé, le Manè et le Yankadi qu’il propose a, déjà, pris de l’avance, il suffit pour les autres de le rejoindre et d’essayer de développer plusieurs tendances comme le coupé décalé Ivoirien, ou l’Afrobeat Nigérian.
Dodo, un mouvement musical, pourquoi pas ?
Pourquoi ne pas arrêter tous ces plagiats d’artistes étrangers avec tous les problèmes de droits que cela peut engendrer. Quand on veut écouter du Mbalax, on a Youssou N’dour et les autres chanteurs Sénégalais, Vous voulez de l’Afrobeat, vous avez le choix entre Davido, Wizkid et compagnies du Nigeria, le Coupé Décalé, Molare et ses frangins de la Côte d’Ivoire, si vous avez envie, désormais, d’écouter et de danser la musique Guinéenne, vous avez la nouvelle locomotive Koundouwaka qui propose Yankadi.
Un rythme entrainant selon qu’il soit accéléré ou lent. Alors que les artistes chanteurs Guinéens, du moment, rejoignent le mouvement Yankadi. Que nous ayons des T-shirts Yankadi, des casquettes Yankadi, bonbon Yankadi, motos Yankadi, écharpes Yankadi… Que les footballeurs, journalistes, animateurs, Dj, managers, beatmakers vivent, pensent et véhiculent Yankadi sous le label Dodo… J’ai essayé d’expliquer ce que je comprends et ce que ce chant exerce sur les Conakrykas aujourd’hui. Pour le reste, Koundouwaka et son staff vous diront qu’est-ce qui est quoi? Un chant qui a produit plus 75 000 vues en deux jours sur Youtube. Combien peu-on avoir le jour que le clip de Dodo sera diffusé sur Youtube ? Répondez-moi. Par ce que moi je ne saurai vous répondre.
Mais, ce que je peux vous dire sans risque de me tromper, c’est qu’on a un autre record en vue dans l’affaire du mouvement Dodo là. Un mouvement qui est parti, ce qui vous reste à faire, c’est de suivre la nouvelle locomotive de la musique Guinéenne. Oui Koundouwaka est en le leader musical, pourquoi pas ?
Marco Ibrahim
marcoibrahima@yahoo.fr
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