Musique/ Biographie de la Musicienne Chanteuse Guinéenne Natu Camara
La Guinée est connue pour avoir été une source d’inspiration pour les pays Africains dans le domaine de la culture.
Au chapitre musical, au début des années 60 la création de l’orchestre musical Les Amazones de Guinée, composé essentiellement de femmes fut bien accueillie par les férus.
De même en 2002, l’apparition d’Idéal Black Girls, un quatuor de collégiennes dans le paysage de la musique hip hop était une première en Afrique de l’Ouest.
Le groupe Idéal Black Girls, composé de Natu Camara (lead vocal), Miss Bah (Rap, Chorus), Dine (vocal, Rap) et Hadji (rap) , qui sort son premier album, ‘’Guinèya moumonèra’’ (traduit da la langue Soussou, Etre femme n’est pas une fatalité), en 2002 a fait carton plein. Elles allient carrière musicale et études ce qui est plutôt rare à l’époque.
Applaudies et encouragées par des millions de fans, à travers la Guinée, les 4 filles sont sollicitées sur tous les planchers.
Des sujets d’amour, de défenses du genre féminin et de l’enfance sont peints dans de chansons bien accompagnées et des textes intelligents.
Les organisateurs de la distinction Djembé d’Oront nominé le premier opus d’Idéal Black Girlsdans la catégorie meilleur album cette année.
En 2003, les mélomanes de la Guinée profonde se souviendront, encore, très longtemps de la tournée nationale de Natu Camara et ses complices. Car, de la Guinée forestière, à la Haute Guinée, en passant par le Foutah Djallon et la Guinée maritime, elles mirent tout le monde d’accord.
En 2004 Le groupe crée le Festival “Rapsody”. Un festival par des filles pour les filles, organisé au palais du peuple, n’invitant que des artistes féminins vénus du Sénégal, de la Guinée-Bissau, de la Sierra Leone, de la France et de la Côte d’Ivoire. Pour une première édition ce fut un coup de maitre. Véritable succès.
En 2005, la tenue de la deuxième édition de ‘’Rapsody’’prouvera aux plus sceptiques que le Hip hop Guinéen pouvait compter sur Idéal Black Girls. Car, fut une réussite totale..
En 2005, la salle mythique du Palais du peuple de Conakry accueille le quatuor lors de la réalisation du concept Festi-vacances de la structure Afro Balance Music. Un autre succès total qui a, surtout, montré la maturité des filles.
Quelques concerts dans certains pays de l’Afrique de l’Ouest, la Belgique etc… Convainquent le groupe à reprendre le chemin du studio pour concocter le 2ème album.
Ainsi, en 2007, ce 2ème album ‘’Fans’’ sera sur le marché de disque Guinéen. Plutôt bien accueilli par la critique musicale, Idéal Black Girls venait de confirmer, définitivement, son statut de groupe de rap qui titille le sommet.
Nouvelle Reine des planchers d’Afrique, qui est Natu Camara ?
Les personnes qui naissent sous le soleil de la célébrité ne mettent pas assez de temps pour s’affirmer, nous apprends une sagesse Africaine. La musicienne chanteuse Natu Camara est née en Côte d’Ivoire. Elle rejoint très jeune son pays, la Guinée.
Passionnée de Cinéma, de poésie et de danses, Natu n’as pas mis assez du temps à exprimer ce qu’elle a toujours ressentie.
C’est ainsi qu’elle et ces amies d’école ont créé le groupe Idéal Black Girls.
Après s’être affirmée dans son pays à travers deux albums de groupe en 2002 et 2007, Natu rejoint son mari à New York. Peu de temps après, ce dernier rend l’âme. Jeune veuve et tenaillée par la douleur de la disparition de l’âme sœur, elle n’a eu d’autres choix que de grincer les riffs de sa guitare et chanter comme une déesse.
Une guitare qu’elle a achetée après avoir assisté à un concert du musicien Malien feu Ali Farka Touré en Guinée.
En 2013, Natu pétrie de talent, qui a grandi dans le difficile monde du hip hop Guinéen, fonce dans le tas pour se faire un trou.
Loin de ses copines de scènes vivant, désormais, en France et au Sénégal, Natu crée un groupe live pour se produire localement, elle écrit et enregistre de nouvelles chansons avec des influences tradi-modernes inspirées par : Salif Keita, Manfila Kanté, Babaa Maal, Nina Simone, Paul Simon et Tina Turner.
C’est le début d’une ‘’immersion’’ afin de réorienter son fichier musical et changer même de look. Les dréads looks ont remplacés les cheveux crépus, les tresses Africaines et les occasionnelles perruques.
Chanter ses envies, ses peines, ses mélancolies en somme son quotidien constituent ses thèmes favoris.
On lui prête des allures de la très respectée Angélique Kidjo. Des évocations qu’elle prend comme des compliments.
Adepte de l’alternance ; prestations scéniques professionnelles, chants langoureux dont la justesse de la voix se passe de commentaires, Natu adore orientée sa musique avec sa guitare…Comme à la prunelle de ses yeux, elle tient à sa liberté de création.
A n’en pas douter, c’est surtout ce qui fait d’elle une Reine qui maitrise son univers musical. Un gout prononcé pour les initiatives personnelles.
À Conakry, elle se produisait souvent avec des groupes locaux et de grands musiciens, pas des moindres : Moh Kouyaté, Sékouba Bambino, le légendaire Bembeya Jazz National…Ceci, donc, explique cela.
Si certains observateurs, avertis, affirment que Natu, par sa voix, a des accents de Miriam Makéba, Nina Simone, Tracy Chapman, Tina Turner. D’autres soutiennent, simplement, qu’une nouvelle Reine de la musique africaine qui arrive à pas géants.
Tout s’accélère en 2017, quand Natu apprend que Salif Keita se produit à New York. Elle le rencontre après le spectacle. Et, en profite pour solliciter ses musiciens afin d’enregistrer quelques titres dans un studio de la place.
Mais, finalement, pour donner plus de couleurs à sa musique, le grand guitariste arrangeur Djessou Mory Kanté conseille à Natu de se rendre à Bamako, dans le studio Moffou de Salif Keita, pour réaliser son album.
Sans hésiter un seul instant, notre musicienne chanteuse se rend à Bamako pour finaliser son projet.
Avec sa guitare, Natu compose, conçoit et imprime les couleurs en totale liberté. Quand vous lui demandez comment définit-elle sa propre musique : elle vous répond ‘’ C’est un mélange dynamique de Soul, Afro-Rock et Pop…’’
Chaleur et profondeur sont les mots clefs de sa voix. Car, ses envolées vocales et la maitrise dont elle fait montre ne laissent personne indifférent.
Le titre‘’Dimèdi’’ (L’enfant en langue Soussou) est une illustration parfaite.
Elle dédie sa voix à la défense des femmes abusées et des enfants du monde entier. Dame de cœur, c’est un combat qu’elle revendique. Elle a créé une ONG (Organisation Non Gouvernementale) pour aider ces défavorisés.
En 2018, Natu Camara qui vit à New York, après l’enregistrement de son album solo à Bamako, mixé à New York et masterisé en France, compte offrir un spectacle mémorable à ses fans de Conakry avant d’entamer une tournée mondiale. Souhaitons bon vent à la nouvelle Reine des planchers d’Afrique.
Marco Ibrahim