(Exclusif) Assy Diallo de Foutah Djallon Genève « Ce que je veux pour la Guinée… »
CONAKRY- Affectueusement appelée Assy par certains, Djadja par d’autres, Assiatou Diallo est fruit de l’université guinéenne. Depuis plus de 25 ans, elle est médecin en service à l’hôpital cantonal-universitaire de Genève. Plus d’un quart de siècle de carrière bien remplie qui ne portera pas pour autant ombrage à sa passion pour la culture. Son combat pour la production et la promotion de la musique guinéenne à travers l’Europe, lui a valu respect et considération dans les milieux du show-biz. Accueillie à la rédaction de notre groupe presse ‘’GUINEE70multimédia’’ en ce début d’année, Assy Diallo -décontractée, simple et modeste- avec sourire au lèvre et un ton chahuté a déclaré : « me voici dans le discret bureau qui produit des prodiges...» Une occasion pour l’interroger sur sa carrière, son aventure dans le monde culturel et ses projets pour sa terre natale. Interview exclusive.
leconakryka.com Bonjour Madame
Assiatou Diallo Bonjour
Présentez-vous à nos lecteurs
Je suis Madame Diallo Assiatou, Assy pour les intimes. Je suis guinéenne, mais je vis à Genève depuis de longues années. Je travaille pour des hôpitaux universitaires de Genève depuis plus de 25 ans. J’ai faits mes études universitaires ici en Guinée, je suis médecin.
Vous êtes d’un apport très important pour les artistes qui se rendent en Europe. Parlez-nous de votre collaboration avec ce monde de la culture…
Effectivement, j’ai fait la médecine mais j’ai une passion pour la culture. Ce qui fait que j’ai toujours œuvré pour la promotion et l’épanouissement de la culture guinéenne. En Europe, à travers notre structure dénommée le ‘’Foutah Djalon Genève’’, j’ai toujours travaillé dans le sens de la valorisation des artistes africains en général et guinéens en particulier ; qu’il s’agisse des artistes soussous, peulhs, malinkés ou forestiers. Ainsi, au cours des années antérieures, nous (le Foutah Djalon Genève) avons organisé beaucoup de tournées en Europe pour les musiciens guinéens : Sékouba Kandia, Sékouba Bambino, Ibro Diabaté, Fodé Kouyaté, Kerfala Kanté, feu Sékouba Fatako, Yaya Bangoura, Bangoura Batafon, Moussa Kofoé, Tiranké Sidibé, Doura Barry, Djibril Soumah Koumi, Fatou Linsan, Léga Bah etc. Avec ces deux dernières, nous avons fait une tournée de neuf mois. Par la suite, nous avons commencé à produire ici des artistes. Nous avons produit Djbril Soumah Koumi, Doura Barry , Mamadou Moussa 2x2, Djessou Mama Diabaté etc. En fait, le Foutah Djallon Genève est une structure culturelle, une structure de promotion et de production.
Et comment ça se passe entre vous et les artistes ?
On s’occupe de tout : management de l’évènement, calendrier, organisation, prise de contacts, déplacement des musiciens etc.
De toute cette aventure, quel le passage qui vous a beaucoup plus marquée ?
C’était avec Ibro Diabaté ! Quand tout le monde pensait qu’il n’allait pas venir, il est venu, il a chanté et tout le monde était content. Ce jour-là, j’ai vu un spectacle qui m’a beaucoup marqué. C’était dans une salle remplie à craquer entre Lausanne et Genève.
Que pensez-vous de l’évolution de la musique guinéenne ?
Je pense qu’il y’a beaucoup à faire. La musique guinéenne est belle, vendable, mais il faudrait qu’il y’ait de la rigueur de la part des artistes eux-mêmes. Il faudrait qu’ils acceptent de travailler et éviter des plagiats et surtout d’accepter d’être structurés. Sinon, on ne peut pas aller loin. Sans structure de base il devient difficile pour un artiste d’évoluer. Il faut absolument un bon encadrement pour qu’un artiste puisse évoluer aussi bien au niveau national qu’international.
L’année 2016 vient de commencer, quelles sont vos perspectives sur le plan culturel ?
Beaucoup de projets sont prévus. Il y’a d’abord une tournée de Djibril Soumah Koumi qui est notre poulain. D’autres artistes sont également dans notre programme. J’ai personnellement une vision pour la continuité de la promotion des artistes et de leurs activités, notamment en Europe et dans le reste du monde.
Vous êtes médecin de formation. Alors que faites-vous à Genève parallèlement à vos activités culturelles.
Je travaille dans une structure sanitaire, l’hôpital cantonal-universitaire de Genève. Et j’ai envie de transmettre et faire profiter de mon petit savoir à mes compatriotes. J’ai d’ailleurs une association d’entraide médicale appelée helvétique Guinée (ADEMHEG). Je travaille dans cette association avec mes frères Mohamed Diawara et Therno Amidou Baldé. Nous sommes en ce moment sur un projet qui porte sur l’entraide médicale et qui est aussi un créneau d’échange entre les médecins Suisses et Guinéens. Autrement dit, des guinéens peuvent aller se former à Genève tout comme les suisses peuvent venir travailler ici dans le cadre de ce projet. D’autres opportunités pour la Guinée comme don de matériel aux hôpitaux du pays sont à prévoir. Nous allons bientôt ouvrir un centre de dialyse à Conakry. Nous sommes aussi en train de faire un grand centre de santé à Labé. Et avec l’aide des bonnes volontés nous allons réussir à diminuer voir stopper des évacuations médicales. Au lieu que des gens soient toujours dans l’obligation de se rendre au Sénégal, au Maroc ou ailleurs, ils auront sur place un centre de dialyse conséquemment équipé et capable de les soulager. Pour y parvenir, nous avons besoins de partenaires autant en Guinée qu’ailleurs. Déjà, en Suisse j’ai trouvé des gens, précisément de l’hôpital où je travaille, qui sont prêts à nous aider avec des équipements et pour le jumelage. J’ai été malade pendant un certain temps et le professeur qui m’a soigné m’a fait la promesse de venir en Guinée chaque année pendant 10 jours pour s’occuper de ceux qui ont des problèmes cardiaques.
Quelle est votre vision pour la Guinée ?
J’ai une vision énorme et ambitieuse pour mon pays. J’aimerai voir la Guinée au rang des premiers dans le domaine du développement. Ce n’est pas impossible ! C’est le travail qui mène à cet objectif. Il faudrait donc que chacun dans son domaine de compétence travaille inlassablement pour l’intérêt national.
Votre dernier mot…
Je voudrais souhaiter bonne et heureuse année 2016 à tout le peuple de Guinée. Je me dois d’exhorter les guinéens de toutes sensibilités confondues à s’entendre, à se pardonner et à se donner la main pour faire face au défi de développement de la Guinée. Le combat pour faire de notre Guinée un eldorado incombe à tous, d’autant plus que chacun d’entre nous est bon à un niveau différent. Ça ne sera pas facile, certes ! Mais je rappelle l’adage africain qui nous apprend qu’ensemble les araignées peuvent attacher un lion.
Propos recueillis par Gilles Mory Condé & Marco Ibrahim